La fugue c'est quoi ?

Tu ressens un ras-le-bol :

  • frustration et/ou conflits à l'école,
  • conflits dans ta famille ou avec tes amis,
  • situation injuste,
  • manque de liberté,
  • manque d'affection,
  • manque de sécurité...

bref un trop-plein auquel tu as envie d'échapper.

Pourtant, la fugue ce n'est pas ce que tu crois.

En réalité, c'est quoi la fugue?
« Le fait de quitter pour un temps, de manière imprévue et secrète, son domicile ordinaire, de fuir son milieu habituel »

(Dictionnaire de l'académie française)

En savoir plus

Qu'est ce que je risque si je fugue

Le code civil prévoit qu'une jeune mineur-e, non émancipé-e (moins de 18 ans) ne peut quitter son foyer familial sans l'accord de ses parents ou des titulaires de l'autorité parentale.

La fugue n'est pas un délit : tu ne seras pas poursuivi si tu décides de fuguer (Article 371-3 du Code civil)

Mais si elle n'est pas un délit, elle reste toutefois une disparition inquiétante d'enfants et peut engendrer des conséquences auxquelles tu pourrais ne pas avoir pensé :

Un signalement de fugue sera déposé à la police/gendarmerie, qui aura pour mission de te retrouver.

Une enquête sera alors faite auprès de ta famille, de tes proches, de ton école.

Si tu fugues du milieu familial : une information préoccupante peut également être transmise auprès de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE).

En fonction de ta situation, l'ASE pourrait décider ce certaines mesures à mettre en place comme par exemple un suivi au sein du milieu familial, un placement en institution ou un suivi médical.

Si tu fugues d'une institution (foyer, famille d'accueil) : les impacts peuvent être multiples comme par exemple :

l'interruption de ton accueil après un certain temps, ton transfert vers un autre établissement ou la remise en cause de certains de tes projets.

Si tu décides de fuguer, cela ne veut pas forcément dire que tu seras confronté(e) à toutes ces conséquences. Il existe autant d'issues possibles à une fugue qu'il existe de jeunes en fugue. Tout dépend de ta situation.

Aussi, cela signifie que toute personne qui héberge un mineur, sans l'autorisation des personnes titulaires de l'autorité parentale, commet un délit puni par la loi : c'est ce qu'on appelle un détournement de mineur (Article 222-23-1 du Code pénal)

Le but de ces lois est de veiller à ta sécurité et à ton développement, ne l'oublie pas.

Tu penses à fuguer ?

Penser à fuguer n'est pas anormal... et peut s'expliquer par la science. On sait depuis longtemps que face à une situation de stress intense, notre cerveau peut réagir de 3 manières différentes : combattre, fuir ou subir. Y penser c'est ok !

Le plus important est de comprendre pourquoi tu y penses : tu souhaites échapper à un danger ou à un mal-être ? Dans les deux cas, tu n'es pas seul(e). Tout problème a sa solution : aucune ne doit te mettre davantage en danger.

La fugue est un passage à l'acte qui n'est pas anodin. Il se fait généralement après une forte émotion (rage, tristesse, peur, euphorie, révolte, colère, joie etc.) déclenchée par des événements extérieurs.

Prendre le temps

de réfléchir

  • Fais le point sur ce que tu penses et ce que tu ressens : pose-toi, écris, dessine, évacue toutes tes émotions, pleure, crie, bref prend du temps pour toi.
  • Informe-toi sur les options qui s'offrent à toi, sur les conséquences et les impacts possible de cette fugue.

...Ou

faire une pause

Parfois, laisser le temps à la pression de retomber et prendre du recul peut être bénéfique pour résoudre un conflit. La fugue répond bien souvent à l'envie ou le besoin de faire une pause, que ce soit pour la journée, pour une nuit ou encore pour quelques jours.

Si tu le souhaites, il est important de penser à une solution qui, contrairement à la fugue, ne te mette pas en danger :

  • commence par t'isoler dans ta chambre ou dans une pièce de ton domicile et évacue toutes tes émotions ;
  • fais appel à une personne de confiance, un membre de ta famille ou une tierce personne qui sera un soutien émotionnel pour toi ;
  • si tu ne penses pas avoir une oreille attentive dans l'immédiat : contacte l'une des ressources disponibles, tu auras toujours une oreille bienveillante pour t'écouter.

ATTENTION :

  • Si tu te sens en danger immédiat, appelle le 17 (Police Nationale)
  • Si tu te sens en danger, tu peux directement signaler ta situation par téléphone au 119 (Allô Enfance en Danger)

Sentiments ou émotions : quelle différence ?

Ne pas rester seul·e

face à ses problèmes

  • Parler, exprimer ce que tu ressens et ce que tu vis est essentiel pour faire face aux situations difficiles. Ça peut être libérateur aussi bien pour ce qui te pèse que pour te permettre d'y voir plus clair et de trouver des solutions auxquelles tu n'aurais pas pensé.
  • Fais appel à un·e ami·e, à une personne de ta famille ou à une professeur·e - toute personne de confiance qui peut t'aider à y voir plus clair ou simplement t'écouter.

Lorsque tu fugues, les personnes présentes autour de toi ne te veulent pas forcément du bien. Certaines vont vouloir profiter de ta vulnérabilité. Ne te fie pas aux apparences : fille ou garçon, femme ou homme, tout le monde peut avoir de mauvaises intentions à ton égard.

Au contraire, certaines personnes ne souhaitent que ton bien. Ils peuvent se trouver à l'école, dans ta famille proche ou éloignée, bref tout adulte responsable qui ne cherchera jamais à t'influencer ni à se servir de toi pour gagner quelque chose.

Tu es en fugue ?

Ton sac est prêt. C'est décidé, tu pars ?
Lorsque tu quitteras ton domicile, les personnes qui s'inquiètent pour toi vont te rechercher et faire appel à la police pour te retrouver le plus rapidement possible.

N'oublie pas : FUIR = + DE RISQUE = - DE SÉCURITÉ

Si rien ne permet de te faire changer d'avis, évite toutefois de te mettre trop en danger :

1. Tiens-toi à distance des risques

Mémorise ou écris les numéros de téléphone importants au cas où tu n'aurais plus ton téléphone ou plus de batterie.

Dors et reste seulement dans un endroit où tu te sens vraiment en sécurité.

Evite de faire de l'auto-stop ou de monter dans la voiture d'un inconnu, ça peut être plus dangereux que tu ne le penses.

Toutes les substances, alcool ou drogue, peuvent être dangereuses : fais attention à ce que l'on t'invite à consommer.

Fais attention aux personnes qui te proposeraient des super plans pour sortir de la galère : lorsque l'on est seul et livré à soi-même, il est plus facile de tomber dans des réseaux et des trafics (drogue, exploitation sexuelle) même si on pense pouvoir y échapper.

Si tu décides de rencontrer une personne que tu as connue en ligne, fais-le dans un lieu public et en compagnie d'une autre personne.

Si tu te sens en danger, cours vers un endroit sûr comme un supermarché, une gare, un bureau de tabac. Il y aura toujours une personne qui pourra veiller sur toi en attendant la police. Si tu te sens vraiment en danger, n'aies pas peur d'appeler la police, ta famille ou une personne de confiance.

Si tu n'as pas la sécurité et le confort nécessaire :
n'hésite pas à te tourner vers des structures susceptibles de pouvoir t'accueillir.

Voir les structures

2. Garde le contact avec tes proches

Durant ta fugue, plusieurs personnes vont s'inquiéter pour toi.
Tu peux les rassurer en gardant le contact avec elles. La communication est importante pour améliorer ta situation, trouver des solutions et faciliter ton retour.
Garde en tête qu'à tout moment tu peux donner des nouvelles par texto, appel, réseaux sociaux, ou bien en personne dans un lieu public.

Tu peux aussi demander à une personne de confiance de t'aider :

  • en t'aidant à préparer cette prise de contact ;
  • en appelant pour toi les personnes qui s'inquiètent pour les rassurer ;
  • en t'accompagnant pendant la communication et en faisant l'appel avec toi.

Tu peux également suggérer à tes parents ou aux personnes responsable de toi de prendre contact avec le 116 000 Enfants Disparus pour préparer ton retour.

N'OUBLIE PAS

Que tu fugues une journée, plusieurs semaines ou des mois entiers, ta sécurité et ton intérêt primeront toujours !

3. Tu as le droit de changer d'avis

Tu souhaites rentrer chez toi, mais tu ne sais pas comment t'y prendre ? Tu redoutes la réaction de tes parents ou des personnes qui t'accompagnent ?

Partir de chez toi t'as semblé nécessaire à un moment donné. Tu te rends compte maintenant que la fugue ne répond pas à toutes tes attentes. Mais ce n'est pas facile de revenir dessus. Pleins de questions se bousculent dans ta tête qu'est-ce que les autres vont penser de moi ? Pourquoi est-ce que je ne sais pas ce que je veux ?

Changer d'avis, c'est en réalité montrer que tu es prêt(e) à sortir de la crise qui t'a poussé à partir, et que tu veux que les choses changent.

  • Sois acteur de ta situation : essaye de réfléchir à ce qui t'a poussé à fuguer, et à ce que tu aimerais changer dans ta vie une fois rentré(e).
  • Ne subis pas ce retour comme si tu y es forcé : en rentrant par toi-même, tu reprends le contrôle de ta vie.

Passer à l'action peut se faire petit à petit...

  • Annonce à tes parents ou aux personnes responsables de toi que tu veux/vas rentrer. Ils peuvent appeler le 116 000 pour avoir des conseils afin que ton retour se passe le mieux possible.
  • Discute avec eux de ton retour. Dis-leur comment tu aimerais que ça se passe manger, te laver, dormir, discuter, etc.
  • Demande-leur de te laisser le temps de t'exprimer quand ce sera le bon moment pour toi. A ton rythme, tu pourras parler de ce que tu vis et/ou de ce que tu as vécu pendant ta fugue.

SURTOUT : si tu as des idées, des propositions à faire, n'hésite pas. Tu as ton mot à dire sur ta vie et ton avis compte autant que celui de tes proches. C'est en échangeant et en confrontant vos avis et envies que vous trouverez un arrangement qui vous convienne à tous.

  • Rentrer demande beaucoup d'énergie et de volonté. Tu prends le contrôle de ta situation. Les personnes qui t'attendent vont certainement apprécier ta démarche.
  • Affronter la réaction de ton entourage peut faire peur, mais ce que tu imagines a de grande chance de ne pas correspondre à ce qui va réellement se passer : ne laisse pas tes peurs te diriger.
  • A ton retour, ils vont exprimer des émotions qui peuvent être différentes par rapport à leur personnalité. Ils peuvent l'exprimer de plusieurs de manières différentes : te câliner, pleurer, se mettre à crier... Comme pour toi, c'est un trop-plein d'inquiétude qui éclate et qui montre qu'ils se sont faits du souci pour toi.

Je franchis le pas : je rentre chez moi

Tu as franchi le pas de la porte. Ça fait quelques heures ou quelques jours, voire des semaines que tu es parti(e). Les émotions redescendent : prends le temps de te sentir en sécurité et de te reposer.

Puis, dès que tu te sens prêt(e) :
rétablis le dialogue.

Discuter sera le meilleur moyen d'exprimer ce que tu as ressenti, ressens ou ce que tu aimerais voir changer. Si tu n'arrives pas à dire vraiment ce que tu ressens : écris ou fais appel à une personne neutre ou à un médiateur qui pourra t'aider.

Si mon retour est plus difficile que prévu...

Si les retrouvailles ne se passent pas bien, si tu sens que le dialogue est impossible et penses à repartir : n'hésite pas à leur dire ce que tu ressens puis à t'isoler dans ta chambre ou dans un endroit où tu te sens bien et attends que les choses se calment.

N'hésite pas à leur rappeler d'appeler le 116 000, ses équipes pourront vous aider à traverser cette période difficile.

La communication n'est pas possible ?
il existe des alternatives à ton retour :

Tu ne souhaites plus fuguer, mais tu ne souhaites pas non plus rentrer...
des solutions alternatives s'offrent à toi :

  • Une solution temporaire :

Si tu te sens en danger : il existe dans toute la France des Point Accueil Ecoute Jeunes (PAEJ). Tu peux y aller pour être écouté(e), soutenu(e), orienté(e) et certains proposent un accueil et un hébergement pendant quelques nuits. Vérifie les horaires avant de t'y rendre et appelles-les pour savoir s'ils peuvent te proposer une solution d'hébergement temporaire.

La loi t'autorise aussi à bénéficier du soutien de l'Aide Sociale à l'Enfance et notamment de l'accueil d'urgence en cas de fugue : pendant 72h et sans l'autorisation de tes parents. Contact le 119 pour avoir plus d'informations.

  • Une solution temporaire ou sur la durée :

Tu peux proposer à tes parents d'habiter pendant quelques
temps chez quelqu'un de ta famille ou chez une personne
de confiance pour prendre le temps de réfléchir et rester en
sécurité.

Faire confiance aux bonnes personnes

Tu aimerais recevoir de l'aide et tu cherches une personne pour t'épauler ? Tu sais déjà que tu peux faire confiance à une personne de ta famille ou à un(e) bon(ne) ami(e) ? C'est un très bon début.

Parfois, malheureusement, tu peux aussi avoir le sentiment que leur soutien ne répond pas à tes besoins, et tu as le droit de le penser. Tu peux alors te tourner vers d'autres personnes qui font partie de ta vie et pourront t'écouter et t'accompagner sans te juger :

  • Ton enseignant(e) ou une autre personne qui travaille à ton école : un conseiller d'orientation, un(e) surveillant(e), un(e) CPE ;
  • Ton entraineur/euse si tu fais du sport ou un(e) animateur/trice ;
  • L'infirmier(ère) de ton école ou ton médecin ;
  • Tout autre personne (souvent un adulte) qui te veut du bien et en qui tu as confiance.

Si ces personnes ne peuvent pas t'épauler, ne perds pas espoir : il existe plein d'autres aides. Toutes ces ressources sont souvent disponibles jour et nuit, tous les jours de la semaine. N'hésite surtout pas à les appeler ou à utiliser leur tchat.

Aussi, si tu te sens en danger immédiat : les policiers sont là pour t'aider. Leur rôle est de veiller à ta sécurité. N'hésite pas à leur expliquer ta situation, ils peuvent t'aider à trouver une solution.

Recevoir de l'aide

Quel sont mes droits ?

Ce n'est pas parce que tu es un(e)enfant que tu n'as pas de droit, bien au contraire !

La loi prévoit que les parents comme les enfants soient informés de toutes les décisions qui les concernent sauf si elle est contraire à l’intérêt du jeune (Article 17 Convention internationale des droits de l’enfant de 1989 (convention de New York), art L.112-4 du code de l’action sociale et des familles)

Tout mineur a le droit d’être entendu dans toutes décisions ou toutes procédures qui le concerne. (Article 9 Convention internationale des droits de l’enfant de 1989 (convention de New York), art 388 et s. du code civil)

Le code civil prévoit que le Juge des Enfants peut être saisi « par la personne de l’enfant ». Cela signifie que tu peux toi-même faire appel à lui. Il faudra envoyer un courrier au Tribunal pour enfant dont dépend ton lieu de domicile à l’attention du Président du Tribunal pour enfant.

* Saisir un juge : le fait pour une personne de demander à être reçue par le juge pour faire part de ses demandes ou pour que ses droits soient respectés.

Le Juge des enfants peut désigner avocat pour représenter tes intérêts (ce que tu souhaites demander ou faire remarquer au juge). Tu peux aussi le demander seul(e), par courrier au Bâtonnier de l’Ordre des Avocats. Tu peux bénéficier de l’aide juridictionnelle* si tes parents ne t’aident pas financièrement. Cette assistance vaut que tu sois victime ou auteur d’un délit pénal.

* Aide juridictionnelle : c’est une aide financière accordée pour une prise en charge partielle ou totale des frais d’avocat et de procédure.

Lorsque tu es pris(e) en charge par le système de protection de l’enfance, tu as le droit d’avoir des contacts réguliers avec tes parents et/ou toutes personnes de ton entourage, lorsque ce n’est pas contraire à ton intérêt supérieur*.

* L’intérêt supérieur de l’enfant : l’ensemble des droits (à un toit, à l’éducation, à la parole, etc.) et des besoins (de protection, de soins de sécurité, etc.) des mineurs.

Ils peuvent t'aider

Dans les cas d'un danger grave, imminent ou immédiat, tu dois contacter les services de première urgence
17 : les services de police ou de gendarmerie 18 : les pompiers 15 : le Samu 112 : le numéro d'urgence européen 114 : pour les personnes sourdes et malentendantes (SMS)

Pas de panique! Si tu composes le mauvais numéro, l'opérateur redirigera ton appel vers le service concerné

119 (Allô Enfance en Danger) :
numéro national, joignable tous les jours de l'année, 24h/24 et gratuit depuis tous les téléphones (fixes, mobiles, cabines). Ce numéro respecte la confidentialité des appels et n'apparaît sur aucun relevé de téléphone.

D'autres façons de contacter le 119 :

Numéros à destination

des jeunes mineurs

3018 (E-enfance) : numéro pour les jeunes victimes de harcèlement et de violences numériques (en ligne).

3114 : numéro national de prévention du suicide. Appel gratuit et confidentiel, accessible 7/7j, 24/24h

Première(s) Fois : pour répondre à toutes les questions que tu peux te poser sur ta vie entre 10 et 14 ans : le rapport aux potes, au collège, à la famille et à toi-même.

  • Clique sur le bouton « J'ai besoin de parler » en haut à droite du site internet : un tchat s'ouvrira où tu pourras communique avec un(e) répondant(e). Il est ouvert du lundi au jeudi de 10h à 00h et du vendredi au samedi de 10h à 21h.

En Avant Toutes : Le tchat pour écouter, conseiller et rediriger. Gratuit, anonyme, sécurisé et bienveillant, il te permet d'être mis(e) en relation avec des professionnelles qui écoutent, conseillent et redirigent vers des structures adaptées.

Le Refuge : si tu es une jeune personne LGBTQIA+ en détresse, tu peux contacter la ligne d'écoute au 06.31.59.69.50, par SMS ou téléphone. Elle est ouverte 24h/24 7/7j. Des fiches thématiques à destination des jeunes sont également à disposition sur leur site internet.

Le Fil Santé Jeune : service anonyme et gratuit pour les jeunes de 12-25 ans accessible tous les jours de 9h à 23h. Tu peux les contacter au 0800 235 236 ou via le Chat' FSJ où tu pourras communiquer gratuitement avec un professionnel : médecin, psychologue, éducateur et conseiller. Ouvert tous les jours de 9h à 22h.